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La technique de la peinture sous verre ou fixé sous verre

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On appelle peinture sous verre (ou fixé sous verre), une image peinte directement sur une face de la vitre, et dont le résultat se regarde sur l’autre face.L’image se trouve donc inversée.

La difficulté réside dans le fait de devoir prévoir les détails,les ombres et les lumières. On commence par le  premier plan, puis par les plans successifs jusqu’à l’Arrière plan (étape finale qui recouvre l’ensemble de la vitre).

Ici nous pouvons voir l’envers de la peinture , qui parait toujours  abstraite, parce que  les détails ont été masqués par les couches  successives de peinture.

Fixé sous verre ou Peinture sur verre inversé

La peinture sur verre inversé (ou peinture sous verre) ou fixé sous verre  est une technique artistique difficile et minutieuse qui s’exécute directement sur une plaque de verre. Le verre sert de support comme le ferait une toile. fixé au verre, c’est à travers ce support que l’on contemple l’œuvre. Ainsi le verre sert à la fois de support et de vernis protecteur. Précisons que c’est une technique de peinture « à froid » de sorte que le procédé n’exige pas de cuisson au four. Le pigment est lié au verre par un vernis.

Histoire

La peinture sur verre inversé est connue en Occident depuis l’Antiquité. Qualifiée d’« art savant », c’est au cours de la Renaissance que cette forme d’art atteignit son apogée en ce que les compositions devinrent très élaborées, les coloris harmonieux, la virtuosité de la technique est incroyable . Jusque-là réservée à une élite d’artistes, la peinture sur verre inversé s’est largement diffusée et deviendra un art populaire en Europe lors de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Bien vite la production en série se propagea au sein de manufactures qui voisinent les verreries : un commerce parfaitement organisé s’instaura et perdura jusqu’à la fin du XIXe siècle.

Technique

sur une toile on esquisse la composition pour ensuite poser la couleur ,on  termine graduellement par les détails, dans le cas du fixé sous verre on procède à l’inverse. dire que l’artiste peintre sur verre commence par les détails de l’œuvre pour terminer avec les fonds. Ainsi jusqu’au moindre détail, le peintre doit imaginer dès le départ la version définitive de l’image à réaliser sachant bien qu’il devra aussi composer avec un « effet miroir » lors de l’exécution de l’image puisque ce qui est peint à l’envers à droite se trouve à l’endroit à gauche.

La peinture sur verre a pour avantage d’offrir une bonne protection à la peinture mais elle demande une grande maîtrise technique car la couche peinte en premier sera la première couche visible. La vitre protège la peinture et lui donne son aspect lisse et brillant caractéristique .L’éclat de la peinture est incomparable, elle est lumineuse et permet des transparences du plus bel effet .

Il faut des années de pratique pour réussir une  peinture sous verre. En effet, sous verre on travaille à l’inverse d’une peinture sur toile ou papier. D’abord les contours et détails, puis les aplats et enfin les fonds. Donc si après avoir exécuté les premières étapes on s’aperçoit, quand les premiers aplats de couleur ont séché, que la couleur de ces plats ne convient pas, on ne peut plus les retoucher. Il est néanmoins possible de retirer certaines parties « insatisfaisantes » à l’aide d’une lame de rasoir . Il est préférable  de commencer par une esquisse en couleur sur papier ( un croquis en couleur ).

Plusieurs procédés permettent à la couleur d’adhérer au verre. Le fiel de bœuf (une fine couche) étalée sur la surface à peindre suffit, une fois sèche. La gomme arabique, colle végétale liquide, diluée à l’eau (mélanger par moitié la gomme arabique à de l’eau tiède), utilisée de la même façon, aide, de plus, à étaler la peinture en souplesse et de dessiner des lignes fines. Un autre procédé est le jus d’ail, au pouvoir adhésif exceptionnel, que l’on passe à l’aide d’un petit chiffon sec.

Dans le passé, on composait l’image à l’aide de différentes couches de couleurs, les contours étant préalablement peints à la peinture à l’eau ainsi que les ombres et lumières. Les aplats et les fonds, eux, étaient recouverts de peinture à l’œuf dite tempera ou à l’eau. De nos jours, la couleur à l’œuf est remplacée par la peinture à l’huile et la peinture à l’eau par la gouache, l’acrylique ou en mélangeant les pigments à des vernis.

De nos jours, certains artistes, joignant les techniques de la peinture vitrail à l’esthétique du fixé sous verre, travaillent la peinture sous verre à l’aide de grisailles fixées sur la surface par cuisson à 630°.

Thématique traditionnelle

La peinture sur verre inversé est pratiquée en Europe depuis plusieurs siècles. En France, elle bénéficia de l’influence des arts décoratifs du style Rococo comme en témoignent les nombreuses scènes bucoliques et les compositions asymétriques. En Italie et en Suisse, ce sont plutôt les paysages qui dominent avec des petits personnages. Aux Pays-Bas, les Hollandais privilégient les « scènes intérieures, les paysages à la manière de Ruysdael et les marines commandées par des armateurs et des capitaines. En Flandres, les thèmes les plus courants sont les vues de ports, les batailles navales et les naufrages. L’Allemagne se spécialisa dans les allégories (les Quatre Saisons, les Continents, les Éléments), les costumes régionaux et les scènes de chasse »1. L’Espagne et l’Italie eurent une production importante dont les thématiques s’approchent des modèles allemands. En Europe de l’Est, la Pologne, l’ancienne Tchécoslovaquie, la Yougoslavie et la Roumanie, laissèrent de belles réalisations souvent inspirées de la peinture iconographique. Plus loin, en Turquie, elle illustre par de savantes ornementations les versets coraniques. En Inde, en Syrie et en Iran, elle s’inspire de la peinture de miniatures persanes mais aborde également les thèmes religieux islamiques. Les peintures africaines sur verre enfin illustrent largement des scènes naïves de la vie quotidienne et certes fois plus rarement, des sujets religieux. En Chine, les artistes ont créé des œuvres d’une grande délicatesse et d’une très haute technicité.

Artistes professionnels contemporains

Aujourd’hui cet art ancien d’avant-garde a pris un nouvel essor et nombre d’artistes ont fait déjà leurs empreintes dans le verre :

  • Europe: Floris Jespers (1889-1965, Belgique) – Margret Hofheinz-Döring (Allemagne, 1910-1994)- Suzy Bartolini (France, 1930/2011, mère de Marie Amalia) – Marie Amalia (France, 1961-)2 – Jean-Daniel Salvat (France) – Ferdinand Pire (Bruxelles, Belgique) – François Bouillon (Paris, France)- Frédéric Hégo (France, 1974- )
  • Anton Cracco (Bruxelles,Belgique) – Carlo Roccella (Béziers, France) – Anne Deguelle (Paris, France) – Girofla (France) – Erika Sellier (1966 Pays basque -France) – Mathilda De Carpentry – Monique Meyer – Eva Hubner – (Lyon, France) – Patrick Rogissart (Vaucluse – France) Mayanne Mackay (Haute-Garonne – France) -Pleus, Alexandre Struys et son père, tous les trois de Malines au XIXe (Belgique).
  • Amérique du Nord: H. Craig Hanna (1967, peintre américain vivant à Paris), Isabelle Regout aussi connue sous Regout, peintre du Regard (Gatineau, Canada)

Renouvelant sa magie, la peinture sur verre inversé est une technique également utilisée pour réaliser des films contemporains d’animation (peinture animée) : Alexandre Konstantinovitch Petrov (Prechistoïe, Russie) – Martine Chartrand (Montréal, Canada)

Valorisation muséographique

Quelques expositions permettent d’admirer des fixés sous verre, comme l’exposition consacrée à l’artiste Suzy Bartolini au Musée d’Agoulême en 20163.

Un seul musée en France propose actuellement une collection permantente consacrée à la technique de la peinture sur verre inversé, ou fixé sous verre : le Musée du Revard4, situé sur le Mont Revard en Savoie.

Bibliographie

  • (fr) Jeannine Geyssant, Peintures sous verre de l’antiquité à nos jours, Massin, Paris, France, 2009, 269 p., (EAN 978-270-7205780)
  • (fr) Anne Boille, La décoration du verre : peinture, gravure et fixé sous verre, Dessain et Tolra, Paris, France, 2005, 95 p., (ISBN 2-295-00029-7)
  • (fr) Sophie Dressler et Josette Vinas y Roca, La peinture sous verre, Le Temps Apprivoisé, Bruchet/Chastel, Pierre Zech Éditeur, Paris, France, 1999, 76 p., (ISBN 2-283-58326-8)
  • (fr) Catalogue d’exposition à la Halle Saint-Pierre du Musée d’art naïf Max Fourny, Peintures sous verre : passeurs de lumière (art populaire, art contemporain), Halle Saint-Pierre, Paris, France, 1997, 120 p. (ISBN 2-9510472-0-7)
  • (fr) Roland Moser, Peinture sous verre, Collection Fleurus idées, Fleurus éditeur, Paris, France, 1987, 167 p., (ISBN 978-2215006251)
  • (en) Dr Jahangir Kazerouni and Ferial Salahshour’s Collection, Reverse painting on glass, Nazar Reseach and Cultural Institute, Tehran, Iran, 2008, 154 p., (ISBN 978-964-6994-78-2)
  • (fr) Mamadou Diouf, « Islam : peinture sous verre et idéologie populaire », dans Art pictural zaïrois, Septentrion, Sillery, Québec, 1992, p. 29-40 (ISBN 2921114682) (actes publiés sous la direction de B. Jewsiewicki)

Filmographie

Notes et références

  1. Extrait (fr) page 7 du livre de Roland Moser, Peinture sous verre, Collection Fleurus idées, Fleurus éditeur, Paris, France, 1987, 167 p. (ISBN 978-2215006251)
  2. https://www.marieamalia.com// [archive]
  3. http://www.angouleme.fr/les-musees/de-verre-de-papier-double-exposition-nos-musees/ [archive]
  4. https://museedurevard.org/ [archive]
  5. Portail officiel de Regout, peintre du Regard [archive]

Le fixé sous verre

Cet article est extrait de l’ouvrage Larousse « Dictionnaire de la peinture ».

La peinture sous verre, ou  » fixé sous verre « , consiste à exécuter le travail de peinture au revers d’une plaque de verre. L’une des difficultés du procédé est de peindre le motif inversé et, au contraire de la technique normale, d’exécuter les détails (le nez, les yeux, les fleurs) avant le fond (le visage, le paysage), le spectateur devant regarder l’œuvre terminée sur le côté non peint de la plaque de verre. L’artisan utilise des couleurs à l’huile ou à la gouache mélangées à une colle spéciale. On appelle verre  » églomisé  » la technique qui utilise des feuilles d’or ou d’argent soudées entre deux pellicules de verre.

Largement pratiquée en Europe, de l’Espagne à la Pologne, et jusqu’en Asie, la peinture sous verre est liée à l’industrie du verre et à sa diffusion. Si l’origine remonte aux premiers temps du christianisme en marge du vitrail, son point de départ réel est à Murano, dans la lagune de Venise, grand centre de l’art du verre, et sa production, importante dès la seconde moitié du xvie s., se développe tout au long du xviie. On attribue aux ateliers vénitiens deux groupes de peintures : l’un à ciels bleu profond et personnages au premier plan sur fond de paysages lombards, l’autre utilisant des modelés en fines hachures qui évoquent la technique de la gravure. Les sujets religieux et tirés du Nouveau Testament sont inspirés d’œuvres vénitiennes ou lombardes, puis de l’école de Caravage ; bien que faites en série et destinées à une clientèle populaire, ces peintures habiles, à la palette subtile rehaussée d’or et au dessin savant, reflètent l’esprit des modèles qu’elles copient. Des éléments de décors d’inspiration religieuse et mythologique, destinés à orner les tiroirs et les portes des cabinets, sont fabriqués parallèlement.

Dès les xive-xve s., des verriers de Murano émigrent vers d’autres villes d’Italie, en Autriche, en Allemagne, en France, dans les Pays-Bas. Ils apportent leur technique, mais trouvent sur place des thèmes nouveaux dans les œuvres de Dürer, des peintres de l’école de Fontainebleau, des paysagistes flamands. D’ateliers parisiens ou proches de la capitale proviennent peut-être ces peintures des xviie et xviiie s. et ces boîtes précieuses ornées de fixés sous verre dont la facture soignée, le raffinement et les thèmes tirent leurs sources des toiles de Largillière, Lancret, Boucher, Chardin, Greuze, Hubert Robert, Vernet, Boilly. Il n’est pas impossible que certaines d’entre elles soient le travail d’ateliers provençaux (le musée Cantini, à Marseille, en conserve une importante collection). En fait, l’histoire de cette tendance de la peinture sous verre, très nettement inspirée de la grande peinture, reste encore à faire. On sait seulement qu’elle était aussi pratiquée en Angleterre, en Espagne et en Chine, importée par des Occidentaux.

D’un caractère tout différent sont les fixés sous verre d’Europe centrale, souvenirs et ex-voto que les ouvriers des verreries du nord de la Bohême fabriquaient en série, pour compléter leurs salaires, à l’intention des pèlerins qui se rendaient dans les sanctuaires célèbres d’Autriche, de Moravie, de Pologne. Venue d’Italie par le Tyrol et la Bavière v. 1770, la technique y reste florissante jusque v. 1880. Au contraire des peintures sous verre italiennes, les fixés d’Europe centrale s’inspirent des anciennes images de pèlerinages, reproduisent les saints familiers et locaux, les héros populaires, les danses traditionnelles. C’est un art régional, folklorique, séduisant par son charme populaire et la vivacité de ses couleurs, et qui s’implante en Alsace dans la seconde moitié du xviiie s. Aux sujets religieux s’ajoutent alors des sujets profanes : portraits de personnages illustres, allégories. De couleurs moins vives qu’en Alsace, les ex-voto sous verre du sanctuaire de Notre-Dame de Laghet, près de Nice, semblent provenir d’un atelier local.

Le xxe s. a peu pratiqué la peinture sous verre. Une exception cependant parmi les peintres du Blaue Reiter, qui, expérimentant avant 1914 des techniques artisanales, s’essayent à ce genre de peinture, sans doute attirés par l’éclat que confère aux couleurs la plaque de verre : Jawlensky, Macke, Gabriele Münter, Kandinsky surtout, dans cette phase expérimentale de son œuvre qui précède la découverte de l’Abstraction, et Campendonck. En Belgique, Floris Jespers a exécuté d’assez nombreuses peintures sous verre et, en France, Marcoussis, après la guerre.